Le jazz et le JAVA
Quand le jazz est là, la java s'en va, chantait Claude Nougaro. Eh bien le jazz va devoir prendre un peu de recul, car les électroniques JAVA arrivent en France. Elles débarquent des antipodes, de Nouvelle-Zélande, pour être précis, et elles sont précédées d'une réputation à faire rougir beaucoup de marques bien établies. En d'autres termes, ces amplis font le buzz. Nous allons tenter de découvrir pourquoi, et si cet engouement est justifié.
JAVA, les premiers pas
C'est en 2016 que Martin Bell, un entrepreneur néo-zélandais, décide de réaliser son rêve : lancer sur le marché un préampli novateur basé sur l'utilisation d'un photocoupleur de haute technologie en guise de potentiomètre de volume.
Pour financer son projet, Martin lance une campagne Kickstarter de crowdfunfing. Il collecte 49000 dollars néo-zélandais (environ 27000 euros) de la part de seulement 47 souscripteurs. Cela signifie que chaque participant a misé plus de 1000 UZD en vue d'acquérir un préampli à monter soi-même totalement inconnu. Une communauté vient de naître autour de JAVA.
Le préampli JAVA sort en trois versions qui se différencient par leur connectique d'entrée (RCA ou XLR) et la présence d'un ampli casque intégré. Le look de l'appareil, tout en rondeurs, fait sensation. L'idée germe alors de sortir une gamme de préamplis, de blocs de puissance et d'amplis intégrés destinés à être distribués dans le monde entier.
La technologie des blocs de puissance, et donc de la partie ampli des intégrés, doit être aussi novatrice que celle des des préamplis. Martin fait le choix d'un ampli en Classe D équipé des transistors les plus rapides du marché, des GaN-Fet (transistors à effet de champ en nitrure de Gallium), rares, mais déjà vus chez Technics et Hifi Rose.
La gamme se décline en deux versions, Single Shot et Double Shot. Les préamplis et intégrés Single Shot proposent des connectiques d'entrée RCA, les Double Shot sont exclusivement équipés en XLR. Concernant les blocs de puissance et les intégrés Single Shot, la puissance délivrée est de 2 x 200 WRMS sous 8 Ohms, 2 x 400 WRMS sous 4 Ohms. Les amplis Double Shot, quant à eux, délivrent 2 x 400 WRMS sous 8 Ohms, et le chiffre hallucinant de 2 x 800 WRMS sous 4 Ohms.
Bien que Martin reste particulièrement discret sur la technique de ses produits, on peut légitimement penser que les amplis et intégrés Double Shot utilisent deux modules Classe D bridgés sur chaque enceinte, les versions Single Shot n'en employant qu'un seul, à la manière des Marantz PM12Se et PM10, qui se distinguent entre eux de la même manière.
Les versions Single Shot seraient donc des amplis Classe D, les Double Shot des Classe H, mais rappelons-le, Martin Bell ne confirme ni n'infirme cette hypothèse.
JAVA, l'écoute
Nous avons testé 3 produits de la gamme JAVA. Les intégrés Single Shot et Double Shot et le bloc de puissance Double Shot.
Pour avoir assisté à l'émergence et les errements des premiers amplis en Classe D, nous sommes toujours très circonspects face à un ampli utilisant cette technologie. Nous avons en mémoire les appareils équipés en modules Ice Power qui délivraient un son glacial et dont la fiabilité était catastrophique.
La seconde génération d'amplis équipés de module Hypex ont beaucoup fait progresser cette technologie. Les amplis en Classe D devenaient fiables et musicalement plus intéressants. Malgré tout, ils restaient identifiables musicalement, il existait un son "Classe D" reconnaissable dès la première minute d'écoute.
J'en parle au passé, bien que ces modules Hypex soient actuellement présents dans une grande quantité d'amplis Classe D, car l'écoute des Java a totalement ébranlé nos opinions quant aux qualités de cette technologie. Pour la première fois, nous nous trouvons en présence d'un ampli Classe D d'une grande finesse, à la fois doux et précis, tout en conservant les qualités de dynamique et de rigueur inhérents à cette technologie depuis l'origine.
C'est tout particulièrement vrai de l'intégré Single Shot que j'ai beaucoup écouté, et qui m'accompagne dans la rédaction de ces lignes. Cet ampli a quelque chose d'évident, comme si la musique qui en est issue possédait une transparence et une limpidité inédites par rapport aux centaines d'autres amplis que nous connaissons. Ce naturel est sans doute à mettre au crédit des LDR, ces fameux photo-coupleurs qui sont à l'origine de la marque. Si cette hypothèse se vérifie, le prochain test des préamplis JAVA devrait être un grand moment.
Le style JAVA
Dès les tout premiers modèles, il est apparu évident que la présentation des Java revêtaient une importance primordiale pour Martin Bell. Tous les Java sont assemblés à partir de deux coques en bois symétriques qui enferment l'électronique dans un coffret tout en rondeurs.
Les deux dissipateur latéraux participent au look de ces appareils par ailleurs très dépouillés au niveau de la face avant.
Il existe 7 finitions pour les coques et 3 pour les faces avant, ce qui donne un total de 21 finitions possibles pour chacun des produits Java.